[Ancienne église de Serin sous la neige]

[Ancienne église de Serin sous la neige]
droitsLicence Ouverte-Open Licence
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0546 06794
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc contrecollé sur carton ; 16,4 x 22,1 cm (im.) 29 x 36 cm (sup.)
descriptionAdresse : Eglise Saint-Charles de Serin, avenue de Birmingham, Lyon 4e.
historiqueLa paroisse, fondée en 1824 sous le vocable Saint Charles (dédié au roi Charles X), est d'abord logée dans la chapelle privée du comte Fr. de Valence. Cette chapelle est donnée au maire de la Croix-Rousse en 1827. Mais l'agrandissement de la paroisse conduit à la construction d'une première église en 1874-1882 (consacrée en 1883) de l'autre côté de la place de Serin, grâce à un don de Joseph Gillet, propriétaire de l'usine de teinturerie voisine. La chapelle primitive est détruite en 1885 pour faire place à un groupe scolaire. La nouvelle église, de style néo-roman, est dédiée à saint Charles Borromée (1538-1584 ; archevêque de Milan). Les travaux du tunnel sous la Croix-Rousse sont arrêtés par la Seconde Guerre Mondiale. Dès 1946, la reprise des travaux est envisagée. Le devenir de l'église Saint Charles se pose, car elle se trouve dans l'axe de la sortie du tunnel et doit donc être détruite. De longs pourparlers entre la Ville de Lyon, le service des Ponts et Chaussées et l'Association diocésaine aboutissent à la construction d'une nouvelle église en bordure de la future voie de circulation. Louis Mortamet, architecte des Monuments historique et membre de la commission d'Art sacré, est chargé de la construction en collaboration avec Rérolle, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Les travaux débutent en février 1951 et sont confiés à l'entrepreneur P. Gane. L'église est ouverte au culte dès février 1952.
historiqueDepuis que le tunnel sous la Croix-Rousse existe, même lorsqu'il n'était qu'un projet, l'église Saint-Charles de Serin posait un problème. Qu'allait-on faire de cet édifice qui devait normalement se trouver juste au débouché de la sortie ouest de l'ouvrage ? On ne s'en soucia pas trop pendant les premières années de la réalisation, mais au fur et à mesure que les travaux progressaient, les prévisions se révélaient que trop exactes. Les ingénieurs, la municipalité, le conseil général, l'archevêché, puis enfin les gens du quartier se passionnèrent soudain pour cette question. Au début de l'année 1950, sa solution devenait urgente. D'elle allait dépendre les derniers travaux. D'elle encore, la date de l'achèvement du tunnel était fonction. L'affaire devenait sérieuse. Située exactement dans l'axe du tunnel, à 60 mètres environ de la sortie, l'église était évidemment assez mal placée et constituerait un grand danger pour les automobilistes qui, surgissant du tunnel à 80 kilomètres à l'heure, éblouis par le soleil, seraient contraints d'exécuter un brusque crochet pour l'éviter. Pour les paroissiens également, la fréquentation de l'église pouvait devenir risquée : allez donc organiser des convois funèbres, des mariages, des cérémonies alors que, de chaque côté, les voitures défilent à toute allure dans un concert de pétarades et de klaxons. La première solution envisagée fut, en effet, d'isoler l'église dans un rond-point. Mais les défauts du système sautèrent rapidement aux yeux : d'abord l'inconvénient pour les chauffeurs d'accomplir juste à la sortie du tunnel et après plusieurs kilomètres de ligne droite un brusque détour. Ensuite, pour les fidèles, le souci de se faufiler entre les files de voitures pour rejoindre l'église, sans compter le grave danger encouru par les enfants. Puis, pour le clergé, l'ennui de célébrer les offices - le dimanche matin en particulier - au milieu d'un tintamarre bien peu propice au recueillement. Enfin, du point de vue de l'esthétique, cette église plantée seule au milieu d'une grande voie routière serait d'une élégance plutôt douteuse. On abandonna donc l'idée. On pensa ensuite à transporter l'édifice tout entier jusqu'à 100 mètres de là. L'affaire qui semblait réalisable, paraissait singulièrement audacieuse. On l'abandonna cependant en raison des frais trop considérables qu'elle entrainait et des frais que l'architecture assez commune de l'église ne justifiait pas. Alors, on s'arrêta à la dernière solution, la seule qui paraissait valable : démolir l'église et la reconstruire un peu plus loin. On examina le problème, les techniciens étudièrent les projets, les intéressés (association Diocésaine d'une part, Ponts et Chaussées de l'autre) se rencontrèrent autour de plans et de maquettes et l'on finit par se mettre d'accord. La démolition de l'église et sa reconstruction étaient bien, en effet, la meilleure façon de sortir du problème. C'était aussi l'avis des autorités locales, celui notamment d'Edouard Charret-Tomasi (1905-1984), conseiller général, qui s'intéressa particulièrement au problème et joua entre les différentes parties en présence - et les paroissiens - un rôle précieux de médiateur. Car la décision prise, il restait encore à lever certains obstacles. Le terrain sur lequel l'église était bâtie avait été donné par les familles Gillet et Soulier en 1875 sous la condition expresse que l'église et ses dépendances seraient consacrées à perpétuité au culte catholique. Pas question d'y tracer une route ! On se trouvait par bonheur entre gens de bonne volonté et l'on tourna la difficulté : l'Etat allait acheter à côté un terrain largement équivalent, en faire don à l'association Diocésaine, et s'engager à rembourser celle-ci des travaux de reconstruction dans une proportion de 4/6e, le reste devant être couvert par la ville et par le département. De son côté, l'association Diocésaine s'engageait à construire la nouvelle église dans un délai de 20 mois. La donation des familles Gillet et Soulier ainsi reconduite, les droits des paroissiens sauvegardés, les exigences de la circulation et de la sécurité satisfaites, il ne restait plus qu'à signer l'acte. Ce qui fut fait le plus légalement et le plus amicalement du monde en juin 1950.
note à l'exemplaireTitrée, annotée sur support.

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